Cinq façons de rendre le monde autour de vous accessible
J’ai grandi en Caroline du Nord, où toutes les routes sont longues, toutes les pentes sont abruptes et les entrées de pratiquement toutes les maisons sont munies de marches.
L’église que je fréquentais dans ma jeunesse comportait deux étages, tous deux accessibles lorsqu’on contournait la propriété par l’extérieur. Mes écoles primaire et intermédiaire étaient bâties de la même façon.
Elles étaient également équipées de rampes, de portes automatiques et parfois d’ascenseurs dont les boutons étaient suffisamment bas.
« Il existe des mesures d’adaptation, et elles sont utiles. Mais le plus efficace, à mon avis, c’est lorsque le désir d’améliorer l’accessibilité vient de l’intérieur. »
Voici cinq méthodes interpersonnelles pour rendre le monde autour de nous plus accessible.
- Communauté
Être entouré de ses amis et de sa famille est de la plus haute importance. Une équipe de soins qui consacre ses efforts à vous aider, qu’elle soit composée de deux ou de vingt personnes, vous procurera la liberté nécessaire pour que vous puissiez profiter de la vie sans porter seul le stress du « comment ». Soudainement, plus besoin de se demander si le bâtiment où l’on va est muni d’une porte automatique ou si le bus est adéquatement équipé. Plus besoin de commander uniquement des plats aux aliments prédécoupés ou de se demander si la rangée pour personnes handicapées au cinéma sera libre. Les possibilités sont infinies quand les gens unissent leurs efforts. - Souplesse
Je reçois l’aide de quelques gars, qui se relaient pour me sortir du lit le matin. Ils sont tous bénévoles, ce qui est merveilleux, mais s’ils sont capables de m’aider, c’est parce qu’ils ont un autre emploi. Pour recevoir leur aide, je dois donc être flexible et m’adapter à leurs horaires. Certains d’entre eux arrivent à 6 h 30 pour m’aider à me lever avant de se rendre au boulot, et d’autres à 9 h 30 parce qu’ils sont rentrés tard du travail la veille. Au moment de planifier ma journée, je fais preuve de souplesse; je m’accorde la liberté nécessaire pour m’adapter à la vie de ceux qui m’entourent. - Ingéniosité
Une autre facette de la souplesse est l’ingéniosité, en l’occurrence la capacité de considérer une situation qui évolue pour trouver des façons de s’y adapter. L’un de mes meilleurs souvenirs à cet égard remonte à la période où mes amis et moi organisions chaque semaine un souper-partage. Comme chacun de nous était l’hôte tour à tour, je ne savais jamais ce à quoi j’aurais affaire en matière d’accessibilité. Mais mes amis et moi évaluions la situation ensemble pour trouver des solutions. Cela nécessitait parfois de bâtir une rampe, parfois de me porter à l’intérieur de la maison sans mon fauteuil roulant. Dans tous les cas, la solution était créative, amusante et efficace. - Simplicité
Une chose que j’ai apprise, et que j’ai fini par chérir, est ce besoin de me simplifier la vie. Au fil du temps, je suis devenu un peu minimaliste, afin que mon équipe de soignants et moi ayons moins de choses à prendre en compte physiquement et mentalement; on laisse ainsi la place à ce qui compte vraiment. Par exemple, tous mes vêtements sont assortis les uns aux autres (et j’en ai peu), de sorte que la personne qui me sort du lit le matin n’a qu’à piger dans mon armoire. J’ai déjà suffisamment de besoins légitimes à combler; pourquoi ajouter à cela des besoins inutiles? C’est fascinant de voir à quel point le monde devient plus accessible quand on en demande moins. - Communauté
Revenons à la notion de communauté. Elle ne se limite pas à l’équipe qui vous prodigue des soins, mais aussi à la façon dont vous prenez soin d’elle. Les relations grandissent lorsque les deux parties s’investissent. Bien sûr, vous avez des besoins, mais c’est aussi le cas de tous ceux qui vous entourent, que ces besoins soient apparents ou pas. Voilà votre chance de leur rendre la pareille, et le soin que vous prenez des autres vous aidera à bâtir votre communauté, tant en nombre qu’en profondeur. Quand tous collaborent, le monde devient plus accessible pour chacun.
« L’accessibilité, au fond, devient possible quand les gens pensent aux autres d’abord et collaborent pour trouver des solutions créatives. Elle suppose de la prévenance et des sacrifices, d’un côté comme de l’autre. Mais le résultat est magnifique : un monde non seulement plus accessible sur le plan physique, mais aussi plus aimant. »