Brianna pose dans son fauteuil roulant, devant une bibliothèque remplie de centaines de livres. Elle sourit en regardant directement la caméra.
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Brianna

Trouver mon identité dans mes récits

Je ne me souviens plus du moment où j’ai compris que je voulais, plus que tout, devenir écrivaine. Comme la plupart des révélations, celle-ci s’est faite lentement. Enfant, j’adorais les histoires. Mon père et moi avons passé des heures dans une vieille et énorme chaise berçante recouverte d’un tissu bleu mi-velours, mi-côtelé. On passait des journées entières à lire des histoires portant sur des mondes et des personnages différents.

Je comprends maintenant que ces histoires servaient de refuge à l’enfant de huit ans que j’étais. J’y trouvais toujours quelque chose qui faisait défaut dans le monde réel. D’abord, les collines ondoyantes de mon livre d’enfant préféré. Ensuite, l’aventure et l’excitation d’un ouvrage oublié depuis longtemps, rempli de trésors et de savoirs. Puis, l’émerveillement de l’espace.

La psychanalyste en moi a compris qu’en tant que jeune fille vivant avec une invalidité, une partie de moi rêvait d’une autre vie. Une vie différente, avec un corps qui fonctionnait correctement, un corps qui n’essayait pas en permanence de se saboter lui-même. Mais la conseillère en moi savait aussi qu’au fond, je n’avais pas envie de fuir ma réalité.

Je voulais la retrouver dans la leur.

J’étais écrivaine dans un monde qui refusait ma propre existence. Il n’y avait pas de filles handicapées dans les dessins animés du samedi matin. Pas de filles handicapées au grand écran, combattant des ennemis au nom du bien commun. Pas de filles handicapées dans le paysage des films d’action et des scènes cultes. Pas non plus de filles handicapées dans les films de princesse, même depuis que les gros bonnets des médias font des efforts pour montrer que « tout le monde peut être une princesse! Oui, même vous! ».

« Difficile de trouver sa passion dans un monde qui tente de vous effacer. Difficile de trouver sa passion quand, la majorité du temps, les personnes handicapées sont reléguées à l’hôpital ou au salon. »

On ne va pas au bal des finissants. La Force n’est pas avec nous. Et jamais l’une d’entre nous n’est partie en mission pour dérober un document historique de la plus haute importance.

Mais ce n’est qu’un discours. Et un discours faux, qui plus est. Des filles handicapées, il y en a partout. On assiste à des concerts, des soirées poésie et des premières à minuit. On escalade des montagnes, on écrit des textes, et avec beaucoup, beaucoup de chance, on trouve quelqu’un prêt à écouter nos rêves les plus fous – même ceux qui concernent des documents historiques de la plus haute importance. On tombe amoureuses. On fonde une famille. On fixe le ciel et on sent, pendant un moment de grâce, qu’on est, nous aussi, faites de poussière d’étoiles. On s’enrage et on crie. Et à la fin de la journée, on rassemble nos forces, et on recommence.

« Le monde essaie de nous convaincre que, même si on les hurle, nos histoires sont avalées par le vide. Mais ce n’est qu’un discours. Un discours faux, qui plus est. »

Quelqu’un vous écoute. Quelqu’un a besoin de votre poème, de votre application, ou juste de votre rire. Le vrai défi sera de vous convaincre que, comme tout le monde, vous méritez le monde entier et ce qu’il y a au-delà.

Et, entre filles handicapées : je vous assure que c’est vrai.