Les nombreux visages de l’épanouissement
La plupart des gens s’entendent pour dire que l’amour est une base puissante pour l’épanouissement. Bien sûr, c’est le moteur de tout ce qu’il y a de bon en ce monde. Mais avec l’amour, qu’il soit familial, romantique ou d’une autre nature, vient inévitablement la perte. Pourquoi masquer cette vérité?
En réalité, nier le deuil, c’est aussi nier l’amour.
J’ai appris cela à un très jeune âge. Je dirais même « trop jeune », mais j’ai l’impression que cela minimiserait l’importance de mon histoire et de mon apprentissage. Mon petit frère Andrew est décédé quand j’étais adolescente. Il était ce que j’avais de plus précieux au monde. Évidemment, le perdre a complètement changé le cours de ma vie.
Tout a irrémédiablement changé. Mes priorités. Mes points de vue. Mes aspirations.
Tout.
Jusque-là, je croyais déjà avoir assez bien saisi « le sens de la vie ». Après tout, j’ai grandi avec l’AS, ce qui a en soi contribué à forger mon caractère. Mais là, c’était différent.
Le deuil est un sentiment qu’il faut apprivoiser, alors que ma vie se résumait jusque-là à composer avec l’AS.
Perdre mon frère m’a fait chuter plus profondément que jamais. Je n’avais d’autre choix que de me laisser me désintégrer. C’était ma réponse instinctive. C’était... plus sain. Il n’y avait pas moyen d’ignorer ma peine; ça devait arriver pour que je puisse traverser cette épreuve.
Dans ce monde qui bouge à toute allure, on ne se laisse pas l’occasion de vivre un deuil ou de ressentir des émotions négatives. La gratification instantanée devrait éclipser tout le reste. Mais ce n’est qu’après mon anéantissement complet que sont nées en moi une reconnaissance et une appréciation sincère de la vie. La seule raison pour laquelle j’avais vécu un tel deuil, c’est que j’avais d’abord connu un amour plus fort encore.
Andrew tirait pleinement profit de chaque seconde, d’une manière que la plupart des gens auraient du mal à comprendre. Il a vécu pleinement chacun des jours qu’il a passés sur terre. Aussi, même au plus profond de mon désespoir après sa disparition, je gardais toujours en tête sa manière de voir les choses.
Enfin, je me suis reconstruite à partir de rien. J’ai tout réévalué. J’ai départagé avec soin ce qui méritait mon énergie et ce qui ne la méritait pas.
Maintenant, je m’efforce de trouver de la joie partout où je le peux, particulièrement dans mon quotidien. Je prends le temps d’assimiler le positif autant que le négatif. J’équilibre le travail et les loisirs. Je n’accorde aucune attention aux attentes déformées de la société en ce qui concerne l’image de l’épanouissement.
J’accorde consciemment la priorité à l’amour.